Il faut que tu respiiiires ~

L'été, autrefois saison de chaleur, de festivité et de fruit frais. Aujourd'hui, tout ça n'était plus qu'un vague souvenir : alors que nous étions dans cette période appelée été, le continent était recouvert d'un ciel obscure et d'une couche brumeuse, qui rendait le climat humide et glacial. Tout semblait être en suspend, les oiseaux avaient disparus depuis longtemps, les insectes s'étaient volatilisés. Seuls les loups, et quelques petits rongeurs increvables, arrivaient encore à survivre ici bas. La nature était désormais morte, aucun son ne résonnais, hormis le souffle vint du vent qui faisait parfois virevolter la fine couche neigeuse des steppes.

Et parmi ce festival de blanc se trouvait une obscure tâche de sang. Le liquide rouge sombre brisait l'équilibre du tableau clair de la banquise, et ajoutait une note macabre à l'ambiance déjà peu rassurante. Que s'était-il passé ici? Pourquoi ces flaques de sang? A qui appartenaient-elles? A Shu-Di.

Shu-Di, c'est cette frêle espionne des Sermek qui a vu sa croissance être perturbée par les vagues radioactives. Et pas seulement sa croissance. Sa psychologie également. Des hallucinations tactiles, voilà de quoi souffrait Shu. Des hallucinations qui lui donnaient l'impression d'une brûlure ou d'une démangeaison soudaine. Aujourd'hui, alors que Shu assistait à une assemblée de sa meute, elle avait dut quitter en trombe les siens pour s'isoler. En effet, il lui semblait que des insectes grouillaient sous sa peau, image terrifiante qui la mettait dans tout ses états. Le remède? Se bouffer la chair jusqu'au sang.

Voilà pourquoi Shu' était assise là, le cul dans la neige et le corps recouvert de plaies béantes. Sa gueule encore immaculée de son propre sang laissait pendre une langue alors qu'elle haletait comme un chiot. Elle était exténuée, à bout de force, et il lui était difficile de se maintenir assise étant donné que ses membres tremblaient comme une feuille.

Cela faisait désormais près de 30minutes que Shu' fixait le vague en tentant de reprendre une respiration et un rythme cardiaque normal. Son esprit était vide, elle ne pensait à rien, et son regard était aussi inexpressif que celui d'un mort. Quand soudain, son oreille frétilla : elle entendit des pas. D'abord immobile, Shu' finit par tourner très lentement sa tête en direction de la source de bruit. Trop lessivée pour adopter une quelconque attitude, elle se contenta d'attendre que l'animal approche, sans envisager une quelconque fuite. Elle détestait qu'on la voit dans cet état, cependant sa fatigue, tant morale que physique, ne lui permettait pas encore de le dissimuler. Elle ne pouvait donc qu'attendre, et subir.