— In your arms.

Où étais-je quand tu crias, où étais-je quand tu perdis tous tes rêves ? Les gens croient que ça va, quand ton visage a tant de lumière, est-ce que tes yeux bleus, paisiblement, ont finalement plongés dans la mer ?

C’était avec cet air dans la tête que Nebt Het parcourait la forêt en longeant la mangrove, de long en large, sans jamais s’arrêter, sans jamais jeter un coup d’oeil par dessus son épaule, parfaitement insouciante du moindre danger. Elle écoutait avec une oreille attentive le bruit de ses pas, se délectait de la douce sensation de la terre s’enfonçant sous ses pas, de l’air rafraichissant son visage. Soudain, un mur de lierres, un cul de sac.

Seulement, la louve haissait par dessus tout de revenir sur ses pas. La seule route qui s’offrait à elle était un chemin de pierres traversant une étendue d'eau marécageuse. Nebt Het entreprit donc de bondir de pierre en pierre afin de déboucher de l’autre côté. Elle ne savait pas ce qui l’attendait là bas, mais le gout du risque, ça ne se réfléchit pas, ça se vit...

Shini

Revenant d’une chasse dans la chaîne de montagnes Occhi, je cherchais en vain à me changer les idées en m'éloignant le plus possible du Vaati Camp. Comme disait Balthier, il fallait garder le sourire, même en étant caché dans des Souterrains au lieu de se balader au-dehors. Ces derniers temps, je déprimais un peu et les Souterrains me faisaient baisser le moral au plus bas, malgré les initiatives des Organisateurs. J'avais donc migré vers les différents campements sur l'île de la Conférie, en espérant que l'air frais me rende mon caractère joyeux habituel.

Pour le moment, cela n'avait pas trop mal marché, sauf pendant mon court séjour à la Pampa Nôple, qui m'avait épuisé à cause de la chaleur étouffante. Le problème de cette île est qu'il ne fait pas le même temps partout, des microsclimats se construisant à différents endroits. Le froid des Souterrains m'avait un peu manqué là-bas, même si le froid mordant en lui-même, ce monstre dévorant, ne m'avait pas manqué. A présent, je me baladais près des terres -ou plutôt carrément dedans- des Insurgés, près de leur campement du Mangrove Ni dans la forêt abondante en cherchant à découvrir plantes inconnues et multiples remèdes...

Les Insurgés...une boule me noua la gorge, me rappelant beaucoup de mauvais, de très mauvais souvenirs. Le jour de l'enlèvement, horrible moment gravé dans ma mémoire, le massacre, les loups dévastateurs, et un des loups me prenant par le cou, me bloquant presque la respiration et m'empêchant de hurler... L'entraînement cruel du Vaati Camp, lâchés dans la nature, nous interdisant de nous serrer les coudes, Cain possédé et méconnaissable, Cain tuant un loupiot... Mais aussi de trop bons souvenirs qui me piquaient les yeux : les jeux entre louveteaux, joyeux et innofensifs, tellement innocents... Mon père, protecteur, aimant et gentil avec mes frères et soeurs, avec nous...Pourquoi tout cela était terminé ?

Je refixai mon attention sur ou je mettai les pieds, car dans ma rêverie j'étais sortie de la forêt. Avec une grimace, je m'aperçus que ma fourrure d'une blancheur impec' était devenue plus marron qu'autre chose à cause de la boue. Essayant en vain de marcher uniquement sur les rochers qui dépassaient du fleuve, je finis pas réussir à ne pas chuter dans l'eau toutes les 5 minutes. C'est là qu'on voit l'utilité d'être légère, petite et agile, hein ?

Un peu plus loin devant moi, je remarqua en levant la tête une autre louve blanche et grise tenter de ne pas trop se mouiller les pattes. Particulièrement enthousiaste, je cria un "Ohé ! Il y a quelqu'un ?" en espérant que la louve en question ne me lance pas un "Nan ya personne imbécile" moqueur...

La louve grise poursuivait son chemin dans l°eau marécageuse lorsqu°elle sentit des vibrations autres que celles causées par ses propres foulées ; elle se retourna et aperçut une louve, non loin derrière elle, en train de s°affairer à la même tâche. En parlant de tâches, celle ci, qui possédait un pelage blanc immaculé, n°était plus vraiment dans un état très présentable. Naturel dans ces lieux, me direz vous. Nebt Het elle même était mouillée jusqu°au cou de part son long périple effectué dans ce territoire un peu trop humide à son goût ; elle se persuada de ne plus jamais mettre une patte dans le coin. De bond en bond, elle parvint finalement à rejoindre l°autre côté du marécage.

Nebt Het prit une grande bouffée d°air. Cet air qui lui rappelait son enfance sur ces terres. Nostalgique, elle entreprenait un voyage à la recherche de ses racines, de son passé. Qui sait, peut être que certains lieux, certaines odeurs lui feraient revivre certaines scènes vécues plusieurs années auparavant, peut être que quelque chose qui aurait pu lui échapper lui reviendrait il par miracle en foulant à nouveau – et pour la première fois depuis, la terre mère des Insurgés.

Elle ne cherchait pas spécialement à retrouver quelconque membre de sa famille en effectuant ce retour en arrière. En vérité, elle les pensait sincèrement tous décédés. C°était aussi une manière de leur rendre hommage que d°effectuer ce pèlerinage en territoire connu. Elle inspira à nouveau, en se retournant vers l°étrangère, qui venait d°héler quelqu°un, enfin, de la héler elle, plutôt. La louve haussa un sourcil. Avait-elle besoin d°aide ? Pourquoi est-ce que les gens de cette foutu île se sentaient-ils toujours presque obligés de toujours entamer une discussion avec quelqu°un qu°ils ne connaissaient pas ? Mais Nebt Het était tout de même assez civilisée pour ne pas passer à côté. Et puis, elle avait quelque chose d°attirant, cette interlocutrice mystère.

« Un soucis ? »

Shini

La louve grise finit par se retourner, entendant mon appel et sentant mes pas qui faisaient vibrer l'onde de l'eau. Elle me dévisagea d'un air mauvais, enfin...comment le décrire ? Il n'était pas hostile, il était autre chose...ou peut-être qu'il était hostile d'apparence mais avec un sentiment derrière, plus compliqué et profond ? La curiosité, mêlée d'agacement, ou bien encore l'instinct ? Je ne saurais jamais décrire cela, et je crois que je m'arrêterai là, de peur de mal vous le montrer.

Il n’empêche qu’elle me regarda d’un air insistant, comme si elle ne comprenait pas pourquoi je lui adressai la parole. Un solitaire ermite, ou quoi ? Ce qui était sûr, c’était que ce n’était pas une louve de la Confrérie : je l’aurai immédiatement reconnu, on se connaît tous, là-bas. On se croise constamment, quand on vit cachés dans des campements. Et puis quand on passe du temps au siège, dans les Souterrains, on finit par recroiser les gens d’une manière ou d’une autre…de toute façon elle n’avait pas l’odeur de la Confrérie.

Etait-ce une Insurgée ? Je ne crois pas, car si s’en était une, elle aurait immédiatement rejoint la rive en quelques bonds, non ? En même temps, j’étais une ancienne Insurgée et je galérais pour traverser cet endroit terriblement marécageux…donc elle pouvait totalement en être une. Mais cet air d’un autre monde, comme si c’était un prophète, ne croyez-vous pas que ce ne pouvait en être une ?

J’en arrivai donc à la conclusion que ce devait être une louve Illuminatis ou un solitaire, ou choix. Pourquoi avoir écarté la solution du Vaati Camp ? Parce que si elle était une louve du Vaati Camp, elle se serait jetée sur moi sans autre forme de procès. Même au beau milieu d’un fleuve, ils sont tous les mêmes. Ne cherchez pas à comprendre, ils sont fous et possédés…

La puanteur du marécage m’empêchait de sentir son odeur. La femelle me lança, finalement plutôt civilisée« Un souci ? ». Ne l’écoutant pas, je continua ma marche, ayant remarqué qu’elle avait réussi à se glisser sur l’autre rive. Décidément, plus jamais je ne mettrai les pieds dans cet endroit infréquentable ! Pas possible de mettre un pied devant l’autre, dans ce pays…

Plus que trois rochers, et j’étais de son côté…plus que deux rochers, et j’avais réussi… Je tremblai un peu, perdant légèrement mon équilibre. Bah oui y arriver comme ça cela aurait été trop beau, pas vrai ? Reprenant mon élan, je me préparai à sauter encore une fois, puis une deuxième…et je fus enfin du bon côté. Ce n’était pas trop tôt !

Me tournant vers mon interlocutrice, je lui répondis poliment :

« Avant oui, mais plus maintenant… Merci tout de même. A qui ais-je l’honneur ? »

Tueur à gages, c'est un rôle comme un autre; tous les jours, on pointe, la seule différence, c'est qu'après, on tire.

Natural Born Killer – Avenged Sevenfold

Die alone
This is the one thing that I won't do
So say your prayers
Cause I ain't leaving here without you

Et la Lune se cache. Place au jour et ses couleurs resplendissantes. Place au soleil, à la lumière. Désespoir.
J'avais passé la nuit à divaguer. A laisser mes pensées voleter. Des songes plutôt sombres quand on y pense. J'avais rêvé d'anges, rêvé d'une vraie place, d'un bonheur intense. Ce que je n'avais pas. Un seul but dans ma vie. Tuer pour mon clan. Insurgé par la vie, Insurgé par le monde, Insurgé par la joie des autres, Insurgé par mes envies de bonheur, Insurgé dans le clan des Insurgés. N'était-ce pas ma destinée de me retrouver là-bas ? Peu importe, je devais faire avec. Mon rang, Assassin. Tueur à gages, monstre sans pitié. Je laissai aller mon corps sur le chemin des arbres. Leurs branches imposantes me supportant sans peine. Le vertige n'existait pas chez moi. Cela faisait à peu près trois ans que je vivais là-haut, près des étoiles. Oui si près que je voulais les toucher du bout du museau. Un rêve perdu encore. Je parvenais même à me demander si je n'étais pas tombé de la lune. Après tout mes origines étaient inconnues mais mon attirance irrépressible pour cet astre fascinant existait bel et bien.
Il faisait beau, il faisait chaud. Le silence régnait encore lorsque je me tirai de mon sommeil. J'avais replongé un petit peu pour quelques heures. Les effluves des plantes, de l'eau et de la terre m'emplirent la truffe. Je me levai, le pelage boueux et m'ébrouai. Un nuage de poussière se forma. Poussière de lune.
Une fois sur terre je chercha un petit coin boueux. Assez simple, j'étais en plein marécage. Je plongea dans l'eau boueuse et ressortit, le pelage crotté. Puis je suivi une piste, fraîche. Deux louves qui n'avaient rien à faire ici. D'un trot rapide je les suivi. Elles n'étaient plus loin, je pouvais apercevoir leurs pelages. Je n'accéléra en rien, continuant à me faire discret comme à mon habitude. Sans produire la moindre vibration, le moindre froissement dans l'air. Art du camouflage. Je fus bientôt arrivé à leur hauteur. Elles ne semblaient pas m'avoir remarquer. J'observai, dissimulé dans les herbes odorantes de la forêt tropicale. Elles ne se connaissaient pas et restaient de marbre. Trop de politesse. La force n'était pas avec elles. Ce n'étaient pas des Vaati. Heureusement, je n'aimais jamais tuer des Vaati, rien que leur odeur et leur poil crasseux, plein de puces. Burk. Dégoutant ! La conversation continua un petit peu. J'écoutais avec attention. L'une d'elles était ennuyée par la présence de l'autre. Un tempérament solitaire peut-être ? Tandis que l'autre respirait la joie de vivre. Un rictus mauvais déforma mon visage. La jalousie me dévorait. Je ne laissai pas cette émotion me trahir, reprenant aussitôt le contrôle, me concentrant sur leur physique. Elles n'étaient pas menaçantes. Ni trop grandes, ni trop petites. Assez simple à éliminer. Elles étaient deux. Point négatif. C'était tout de suite moins facile de les éliminer en même temps. Il allait falloir que je cours. Grumbl.
Et puis je sortis de ma cachette sans un bruit, préférant une autre stratégie. Il fallait que j'en connaisse plus avant de faire quelque chose. Je m'approchai de façon à ce que la plus éloignée me voit. Je m'annonçais d'un raclement de gorge avant de laisser couler ces quelques paroles d'un ton grave, profond mais pas totalement neutre. Une pointe menaçante peut-être ?:

- Vous êtes perdues mesdemoiselles ? Je pourrais vous raccompagner à la sortie.

Mon regard plongea dans celui de la « solitaire ». Un regard froid, de glace. Un regard dénué d'émotions, comme toujours. La tête à mi-hauteur, la queue haute. Je les fixai au tour à tour. Un sourire étira mes lèvres. Un sourire à vous glacer le sang. Elles n'avaient rien à faire là, j'avais tout les droits. Le droit de la Vie, ou de la Mort. Ne faites rien de précipité mes jolies, vous êtes dans la gueule du loup ...

« Avant oui, mais plus maintenant… Merci tout de même. A qui ais-je l’honneur ? »

La louve au pelage argenté resta impassible un instant, puis elle comprit. Un sourire en coin étira subtilement ses lèvres, peut être n°était-il même pas visible pour la jolie blanche. Avait-elle réellement cru que Nebt Het s°était proposée pour l°aider à traverser ? Cette perspective lui provoqua un haussement d°épaule perplexe. Ce n°était pas comme si elle paraissait handicapée... Elle lui avait simplement intimée de lui partager ce qu°elle avait à lui dire. Mais c°était peut être un peu trop abstrait pour elle, les amalgames...

Quant à la phrase qui suivit, elle plongea la louve dans un drôle d°embarras. A qui est-ce qu°elle avait l°honneur ? Nebt Het elle même n°en avait pas la moindre idée, quant à l°Honneur, il était certainement de trop. Décidément, cette fille l°amusée. Mais, pas dans le sens ironique du terme. Non, sincèrement. Une telle naïvetée, ça ressourçait. Nebt Het s°ébroua délicatement et bondit avec souplesse sur le dos d°une pierre. Sa soudaine envie de hauteur signifierait elle un ego démesuré ? Ou une timidité affligeante ? Ni l°un ni l°autre.

Son odorat lui avait en effet indiqué la présence d'un loup, apparemment présent depuis plusieurs minutes. Mais aucune autre information n'était à prendre. Le canidé était trop loin pour en savoir plus. Nebt Het fouetta l'air de sa queue avec agacement. Elle n'avait pas besoin de ça ! Elle était venu pour profiter du calme des marécages ! Mais après tout... S°il s°agissait d°un loup Insurgé, elle pourrait peut être tenter de se renseigner auprès de lui, au sujet de la rafle du Vaati Camp. A cette pensée, les lèvres de la louve argentée s'étirèrent en un rictus méprisant.

Nebt Het se dressa, les yeux plissés et attendit, parfaitement muette. Est-ce qu'il avait lui aussi décelé leur présence ? La réponse ne se fit guère attendre. Une invitation osée, pas franchement au goût de l°illuminati. Néanmoins, la louve était subtile, elle savait garder son calme. Et puis, il s°agissait effectivement bien d°un Insurgé. Alors elle le salua brièvementt, la tête haute, le torse bombé. Enfin elle le vit. C°était un loup blanc de grande taille, dans la force de l°âge, avec une jolie carrure de mâle. La louve, du haut de sa silhouette svelte, plongea son regard dans celui de l°Insurgé, qui le soutenait sans faillir. Immobile comme un loup de pierre, ce ne fut qu'au bout de quelques secondes qu'elle rompit le silence, d°une voix mesquine :

« Jugement hâtif... qui te dit que nous ne sommes pas échouées et embourbées dans ce marais infesté d°insectes et d°odeurs nauséabondes de notre propre chef ? »

Alors elle détacha ses yeux de la silhouette blanche du nouvel arrivant pour reporter son attention sur la seconde silhouette blanche ici présente. Elle fronça à nouveau les yeux, comme pour lui intimer quelque chose, qu°elle comprenne un message ; bien que les Insurgés n°étaient les ennemis de personne, ce type n°avait pas l°air net. Et Nebt Het était certaine que la louve blanche était tout à fait le genre de fille à tomber en admiration devant un personnage qui inspirait autant la force et la... terreur.

Derrière son allure calme et confiante, les muscles de la louve d°argent étaient tendus, elle était prête à réagir au quart de tour. Ce qui se passait bien souvent...

Shini

La louve grise resta interdite, à peine si un sourire se glissa sur son visage, mais si vite qu’il en disparut aussitôt. Je plongeai mon regard dans le sien, cherchant à voir ce qu’elle pensait. Exercice difficile, quand on est ni prophète ni Illuminati. J’avais toujours cru que ces derniers étaient capables de lire comme dans un livre ouvert à l’intérieur de mon âme. En tout cas, si cette louve était une Illuminati –ce qu’elle était puisque j’avais enfin réussi à l’identifier maintenant que nous étions sorti du marécage-, mes espoirs étaient réduits à néant, car elle n’avait vraiment, mais vraiment pas l’air de comprendre le message. Encore une vieillie à l’ouest…

L’inconnue haussa les épaules, pourquoi je n’en ai aucune idée, vu qu’elle resta muette. Exaspérée par la conversation qui venait tout juste de commencer ? Peut-être, même si cette proposition m’étonnai. Comment être exaspérée par quelque chose qui ne s’est même pas passée ? M’enfin bon, passons. Elle eut soudain l’air terriblement gênée, on aurait dit une autruche voulant se cacher dans un trou. Cela aurait été comique si elle n’avait pas eu l’air si déroutée. Elle ne savait pas qui elle était, oui ou non ?

Elle s’ébroua brusquement, me faisant sursauter. Sortant de mes pensées, je compris que quelque chose se passait. Tandis que ma camarade sautai sur un rocher, sûrement pour inspecter les environs depuis son perchoir, je levai haut la tête et respirai l’air ambiant, cherchant à identifier la nouvelle odeur qui s’était cachée dans l’amas de senteurs de plantes et de boue. J’entendis plus que je ne sentis un loup à proximité. Ce satané marécage m’empêcha de sentir sa meute. Les muscles tendus, je cherchai dans les fougères un pelage et repéra un pelage blanc. Il avait peut-être beau se cacher et avoir le pelage couvert de boue, le blanc ça ne pardonne pas…

Le loup finissa par se montrer, et d’une voix profonde un peu froide, une pointe menaçante, fit une apparition un peu…déplaisante :

- Vous êtes perdues mesdemoiselles ? Je pourrais vous raccompagner à la sortie.

A son odeur, c’était un Insurgé. Mais franchement il aurait très bien pu être un loup du Vaati Camp, cela ne m’aurait pas surpris. J’eus un rictus de dégoût très vite caché par une expression neutre. Mon entraînement au Vaati Camp m’avait bien appris une chose : contrôler ses émotions. L’Illuminati garda elle aussi un air impaissible et salua d’un geste de la tête le loup, hautaine. Je me rendis compte, riant sous cape, que j’avais adopté la même attitude par instinct. Telles deux statues de marbre, tous restâmes silencieuses, un silence de mépris régnant. Silence pesant.

La louve prit la situation en main et répliqua d’une voix..mmhh une voix qui clash, hein Mister Insurgé ? :

« Jugement hâtif... qui te dit que nous ne sommes pas perdues et embourbées dans ce marais infesté d°insectes et d°odeurs nauséabondes de notre propre chef ? »

J’aurais été un loup, j’aurais sifflé de répartie. Mais j’étais une louve. Donc pas un mot bouche cousue. Je sentis que j’allais m’amuser à voir ce combat verbal. Et j’avais bien envie que ce soit ma camarade qui gagne. Solidarité féminine. D’ailleurs, celle-ci fronça les sourcils en me regardant. Pas bête, je compris aussitôt le message : loup dangereux, au moindre geste on se casse. Je lui lançai un regard posé, pour dire : «Ok ça marche ma vieille. ». Regardant attentivement le loup, je me souvins que chez les Insurgés il existait une caste pas très agréable que ces derniers donnaient aux derniers venus : les Assassins. Plutôt pacifiques, les Insurgés détestaient ce poste et se passaient la patate chaude. Pourtant, le loup mûr qui nous faisait face n’avait pas du tout l’air dérangé par cette tâche. Horrifiée, je m’aperçus qu’il y prenait même du plaisir. Ce qui me rappela à nouveau…Cain – non ce n’est pas du tout une obsession celui-là. Pourquoi il venait encore m’embêter celui-là, cet imbécile de possédé ??? Les muscles tendus à cette évocation, je me tournai vers l’Insurgé, le regard vide. Je devais paraître tout à fait normale, mais en réalité j’étais prête à me jeter sur lui. Un peu comme si c’était Cain…

Il n'est réplique si piquante que le mépris silencieux.
Et pourtant ton arrogance te perdra ...

Un sourire amusé prit place sur mes babines. Un frisson me parcourut. Un petit frisson d'excitation. En voila une bien arrogante inconnue. Et intruse qui plus est. Je lançai un petit soupir et regarda l'autre louve. Assez frêle. Pelage tout aussi boueux que le mien. Rien de bien impressionant. Pourtant je ne m'arrêta pas sur ça. J'avais tout de suite déceler chez l'autre un sourire d'arrogance. Et si il y a bien une chose que je déteste par dessus tout c'est bien cela. L'arrogance, le mépris. Elle était en colère. Ou du moins énervée. Ses muscles étaient tendus, prêts à tout. Que c'était amusant, elle se sentait en danger malgré son petit air hautain. Je ricanai dans ma "barbe". Je repris ma comptenplation de la deuxième, vous savez le petite frêle. Elle semblait amusée par sa compagne. Elles ne se connaissaient même pas et pourtant un lien s'était crée. *Que c'est attendrissant*. Et dans mon for intérieur je rigolais, j'hurlai de rire à m'en tordre les côtes. C'était si bon de les voir prétentieuses alors qu'il n'en était rien. A vrai dire elles étaient glacées d'effroi. L'une était prête au combat, les muscles tendus, le coeur palpitant, tandis que dans le regard de l'autre je perçus une pointe de peur. En un éclair je compris. Elles cachaient leur peur commune. A savoir, moi.
Et l'une d'elles ouvrit la bouche. Et à ses paroles je ne pus m'empêcher de laisser échapper un gloussement. L'autre semblait fière de sa compagne. Et toc un mon petit gars ! Mwawawa si elles savaient. Pourtant depuis le début je restai de marbre. Glacé comme la mort, attendant le moment propice. J'avançai d'un pas vers elle, puis de deux, de trois. Jusqu'a ce qu'une infime distance me sépare d'elles. Il restait deux mètres. Deux mètres que je pouvais franchir d'un bond. Je n'étais pas le genre de loup à faire peur dans la carrure, mais plutôt dans l'attitude. Un soupçon de folie illumina mon regard d'acier. Une haine féroce passa en un éclair dans mes veines, me faisant frissonner. Je sentais l'adrénaline me gagner. Mon corps fut parcourut de vibrations. Un tonnerre retentit. Des éclats de rires lugubres. Puis je stoppai ce flot d'un coup. Fermant ma gueule grande ouverte. Mon regard redevint froid comme une tombe. Les effluves des diverses plantes de la forêt tropicale entraient dans mes narines, m'apaisant. Un perroquet passa au dessus de nous. La remaqrue de la louve était idiote. Quelle petite sote.

- Si cela avait été le cas, vous m'auriez repéré depuis bien longtemps déja. Et surtout vous ne seriez plus de ce monde ...

Cela dit, je repris le silence. Profitant de cette sérénité. Mon regard passait d'une louve à l'autre, tantôt froid et impénétrable, tantôt brulant d'une curieuse folie. Oui la folie qui me hantait, le coeur, le corps, l'esprit. J'imaginais déja mes sombres desseins. L'une dans les sables mouvants derrière elle qu'elle ne semblait pas avoir remarquer. L'autre, la gorge tranchée, se vidant de son sang dans l'eau boueuse. Tout redeviendrait à la normale après l'execution des intruses. La vie sur le territoire des Insurgés pourrait tranquillement reprendre son cours. Je m'éloignais de mes interlocutrices. Seulement par pensées hein, pas physiquement. Je revins brusquement à la réalité, et je me fis d'acier, cpomme à mon habitude. Le coeur en pierre, le visage de marbre et les muscles relâchés. Ce n'était qu'un jeu, dont j'aurai la victoire ...

Nebt Het s'assit avec noblesse, étreignant ses antérieurs avec sa longue queue fauve et ne bougea plus d'un poil. La louve aux reflets d°argent paraissait aussi calme qu'un lac par un jour sans vent. Tout comme le mâle au regard fendu par un éclair de démence d°ailleurs. Tous trois savaient qui ils étaient et pourquoi ils étaient là. Pourquoi, maintenant, ici. Et c°était bien là le véritable problème. Trois tels individus aussi extrêmes dans leurs manières, bien que différemment, ne pouvaient que se heurter.

Le regard ambré de la louve grise s'était posé sur la blanche. Ses lèvres esquissèrent un minuscule sourire, Nebt Het se voulait rassurante. Non pas qu°endosser le rôle du chevalier blanc était une habitude pour elle. Car celle que l°on nommé communément « le fantôme » n°était pas forcément toujours normale... Même du haut de son statut d°Erudit, elle pouvait parfois se montrer belliqueuse. Son comportement était parfois très étrange, voir même skyzophrène... Était-elle folle ? C°est ce que beaucoup disaient d°elle, encore aujourd°hui. Et jamais elle n°avait démenti ces propos. Ce loup se délectait de leur présence, il s°excitait, Nebt Het le sentait, c°était une sensation palpable pour l°avoir si souvent éprouvée. Alors, ce tueur pensait être bien tombé ? Elle aussi.

Mangrove Ni. Territoire Insurgé. Territoire à risques pour les inconnus. Tant par son immensité que par ses Assassins. A vrai dire, peu osaient s°y aventurer... Et pourtant, Nebt Het y était. Et cette étrangère aussi. Comme toujours, la belle Erudit n°avait que faire des lois, et s°aventurait malgré la quasi interdiction sur la terre de son enfance. Elle observait de son profond regard le loup immaculé.

Soudain elle se releva, paisiblement, doucement. Elle prit le temps de s'étirer, de s'ébrouer encore, et ce fut seulement une fois à son aise qu'elle se dirigea d'un pas léger vers le loup. Voilà maintenant le démon d'argent à seulement quelques mètres de l'impertinent. Elle le snoba d'un regard hautain et arqua un sourcil. Il devait être fou ou bien idiot pour avoir accepté de prendre une meute aussi pitoyable sous son commandement d°assassin. A moins qu'il ne fut qu'un simple chien obeissant aux ordres d'un supérieur? Le pelage de Nebt Het dansait à la brise du soleil. La silhouette rayonnante de la louve à la posture digne se rapprochait du bord de la pierre sur laquelle elle avait élu domicile. Un bond dans un silence régnant lui permis de grimper sur une colonne de terre, voisine du mâle Insurgé.

Cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas amusée, de part sa condition d°Illuminati... En voilà l'occasion. Quelle misère allait elle bien pouvoir lui faire... ? Elle n'allait pas l'attaquer en tout cas. Enfin, pas tout de suite. Ce n'était pas le plus amusant. Non, elle allait tout d'abord jouer avec ses nerfs. Ça c'était amusant ! Le pousser à bout, le faire craquer. Et quand il en aurait marre, il l'attaquerait. Et là elle le terminerait en un coup de crocs bien placé. La soirée s'annonçait des plus palpitantes.

- Si cela avait été le cas, vous m'auriez repéré depuis bien longtemps déjà. Et surtout vous ne seriez plus de ce monde ...

La phrase qu'il prononça ne plut guère à Nebt Het... Elle fronça durant quelques secondes le museau, laissant échapper un bref grognement. Mais très vite, ses babines retombèrent, recouvrant ses crocs. La vagabonde se dressa alors, et sans se presser, elle s'avança plus près encore du loup. Le provoquant de mettre ses menaces à exécution. L°éclat du soleil transperçant les quelques nuages vint frapper son pelage, illuminant ses reflets d'argent. La louve inclina légèrement la tête, elle attendit un moment avant de répondre, le jaugeant d'un regard hautain.

« Tu devrais faire un peu plus attention à ton langage. On risquerait de croire que tu ne connais pas la politesse... »

La louve aux reflets d'argent tiqua lorsqu'elle prononça ce dernier mot. Faisant face avec prestance, malgré sa fourrure humide d°eau vaseuse et son allure de fragile louve des forêts.

Shini

La louve grise restait calme, jetant à peine un regard à leur adversaire qui aurait pu faire trembler plus d’un. D’ailleurs ce dernier croyait pouvoir nous impressionner. Un éclair de démence passa dans son regard, et c’est avec un frissonnement de dégoût que je m’en aperçus ; mais rien ne me faisait plus peur à présent. Après avoir résisté au Vaati Camp, plus rien ne pouvait me faire du mal. A part l’amour et Vaati lui-même, ou plutôt du Dieu qui avait pris possession de son âme ?

Ma camarade esquissa un sourire, se voulant rassurante telle une mère qui protège son petit. Mais cette femelle n’était pas plus âgée que moi. Son statut d’Erudit lui montai sûrement à la tête, pensais-je avec compassion. Jouant les sauveurs de gente dame, l’Illuminati leva haut la tête, dévisageant de son air hautain l’ennemi, telle un fier paon n’ayant cure du danger.

Tous trois, nous nous regardions en silence. Douce mélodie qu’est la brise de la saison chaude, pensais-je. Les feuilles bruissaient à peine dans cet après-midi ennuyant. Enfin pas pour tout le monde, car j’avais le droit à un véritable feuilleton, de quoi écrire un livre, tiens. Parfaite occupation pour notre bon vieux chevalier d’argent, non ?

Jouant les mécaniques, le loup s’approchait et s’éloignait à un rythme lent et exaspérant. Ce petit manège continuait, et j’exprimai mon agacement en agitant brusquement les oreilles. La louve, quant à elle, s’étira tranquillement avant de s’approcher d’un pas lent et mesuré, telle une ballerine, fronçant les sourcils et snobant de son air royal le loup à la carrure d’athlète. Il avait beau dire, il faisait vraiment tache à côté de la louve argentée…

Elle fit un bond pour rejoindre une colonne de terre, surplombant le mâle. Profitant que le rocher soit libre, j’y sautai élégamment. Secouant ma fourrure, j’eus un rictus sinistre. Même si le loup essayait de m’atteindre, j’avais un lapsus assez long pour soit l’attaquer soit fuir. Même du mauvais côté du fleuve, j’étais capable de rapidement rejoindre la Chaîne de Montagnes Occhi. Simple question d’orientation et de vitesse. Or un loup même musclé ne peut pas suivre s’il n’a pas une démarche d’oiseau…ce que ce loup n’avait vraiment pas.

Me couchant sur mon rocher, je baillai. C’est là qu’on voit à quel point les Insurgés sont lents. A côté des Vaati Camp, ou même d’un Rôdeur, ils ne font pas le poids. Carrément nuls, ceux-là. Pas immortels, incapables de se battre correctement, et avec des campements que tout le monde connaît. Les Rôdeurs, eux, changent régulièrement leurs caches. Et puis même si les Souterrains existent depuis longtemps, au moins la Confrérie a instauré des systèmes de sécurité avancés. Pas un seul loup autre qu’un Rôdeur n’a jamais franchi le seuil des Souterrains, à ce que je sache…

Bref, que des nuls. Celui-là n’était pas vraiment un Insurgé, mais il en était un quand même, point barre. On allait bien s’amuser. J’attendis la suite des événements, impatiente de connaître la manière dont la louve Illuminati traitait les affaires de bagarre. Subtilement, sûrement. J’allai profiter pour m’instruire, tiens. Je passai mon temps à soigner les gens mais savoir se battre n’est jamais de trop dans l’éducation d’un loup. Surtout en ces temps de guerre. De toute façon, étant sortie d’un entraînement intensif à la Vaati, comment ne pas savoir se battre ? Là-bas, c’est surtout des bourrins mais que voulez-vous mieux vaut cela que rien.

Le loup, manifestement froissé –oh le susceptible !- répliqua :

- Si cela avait été le cas, vous m'auriez repéré depuis bien longtemps déjà. Et surtout vous ne seriez plus de ce monde ...

Mais bien sûr. Au contraire, on t’aura réduit en charpie bien plus vite, idiot… Quel sens inné de la logique…même un Grand Loup du Vaati Camp n’aurait pas sorti une bourde pareille. C’est pour dire à quel point c’était débile. Pire que les loups du Vaati Camp, c’est pire que tout, avouez. Certes les loups Conseillers sont pas trop bêtes, mais les loups de la Brigade Spéciale, par exemple, ce sont des masses de muscles, mais de véritables bourrins avec de la cervelle en moins. Mais alors cet Insurgé, il était sorti des territoires insalubres, pour être aussi bête !

L’Erudit n’apprécia pas non plus l’intervention. Elle grogna sourdement, montrant ses crocs. Puis elle referma la bouche dans un claquement sec, se dressant dans toute sa grandeur. S’approchant encore plus de son adversaire, elle le jaugea du regard, manifestement au bord de la crise de nerfs. Verdict ? Provocation immédiate.

« Tu devrais faire un peu plus attention à ton langage. On risquerait de croire que tu ne connais pas la politesse... »

«Et que tu n’es pas plus intelligent qu’une grenouille », grommelais-je entre mes dents. Ce qui ne serait pas faux, d’ailleurs. Mais cela je le gardai pour moi. Laissons l’honneur d’enfoncer le clou à ma camarade. Je commençais ma toilette, trouvant le moment bon pour cela. Puisque ce loup « Assassin » était si long à la détente, autant en profiter pour se nettoyer. De plus, cela l’enragerait encore plus, n’est-ce pas ?

Celui qui excelle ne discute pas, - Il maîtrise sa science et se tait.

Ma contemplation continuait. Une par une je les dévisageai. Une sale idée germa dans mon esprit. Quel génie ! Mais oui bien sûr. Un sourire sadique se dessina sur mes lèvres. Mon regard se fit plus insistant dans celui de la louve. Elle s'était assis et me regardais d'un air dédaigneux. Son petit manège était ridicule. Autant d'arrogance dans une femelle stupide ! Il ne suffit pas de paraître, il faut l'être. Être calme. Maitriser les pulsions meurtrières qui vous envahissent. La maîtrise de soi, tout un art qu'au fil des années j'avais appris à contrôler. Et cet art devenait meurtrier. Un outil de haute performance. Véritable machine de massacre. C'était si amusant à regarder. Dans mon corps, le sang bouillonnant, le cœur palpitant, au bord de la crise d'émoi. Une brise chaude s'engouffra dans mon pelage, le plan que j'échafaudais avait tout de diabolique. L'idée me plaisait assez. Mais passons, l'heure n'était pas à l'exécution. Je m'assis, tout comme elle, restant de marbre. Profitant du calme paisible qui régnait ici. Plus pour longtemps.

La louve au regard d'ambre se leva alors et vint d'un pas gracieux vers moi. Provocation ? Hum, jolie louve aux courbes alléchantes. Je claquai des mâchoires, l'œil aguicheur. Avant d'entamer sa petite « danse » la louve avait jeté un regard vers l'autre, un petit sourire rassurant. Mais c'est qu'elle était courageuse ! Le méchant loup il faisait peur ! Bouuh ! Mon regard vacilla légèrement, se posant sur les sable mouvants derrières elles. La fierté qu'elles dégageaient me donnait la nausée. Pathétique. Le seul mot qui me venait à l'esprit. Pourquoi jouait-elle les chevaliers servants ? Encore une idée de femelle, stupide. Je soupirai d'aise, après tout cela allait être une partie facile. Un véritable plaisir pour mes prunelles.

Et le « chevalier d'argent » posa son regard ambré dans le mien, insistant un peu plus à chaque seconde. Oui des secondes, précieux instants de vie. Surement les derniers. Je restai impassible, elle me snoba avec toute la puissance qu'elle put. C'est à dire pas grand chose. Je n'avais rien à prouver, juste à effectuer mon boulot de nettoyeur. Après tout rien ne me faisait plus plaisir que de me rendre utile. Les miens. Humpf, trop grand mot. Ce n'était qu'une meute comme les autres. Les Insurgés. Loups ayant des techniques particulière dont le savoir était intéressant pour un Assassin. Oui, très intéressant même. Ils vivaient dans une jungle où les plantes toxiques abondaient. D'ailleurs en parlant de ça. N'était-ce pas une Alpinia Purpura ? Plante au poison mortel. Même à faible dose cette fleur réduit les neurones à l'état ~~de légume ( réduisant Sid à l'état de légume MWAWAWA)~~ de néant. Hum. Mon regard s'égailla quelque peu. Une bonne connaissance de l'environnement était primordiale pour survivre ici. Et apparemment elles ne l'avait pas.
Mais bon, ce n'était que des femelles. Tout cela avait très bien pu se passer si elle ne s'était pas montrer si dédaigneuse. Je les aurai gentiment et rapidement accompagnées à la sortie de mon territoire et rien n'aurait été dévoilé. Pourquoi faut-il toujours que j'endosse ce rôle déplaisant de tueur à gages. Parce que cela me plaisait, et cette réaction était fort bienvenue. Je rêvais depuis bien longtemps de tuer encore une fois. Le travail se faisait de plus en plus rare à cause de moi-même. Je bâtissait une réputation aux terres des Insurgés. Tout être qui pénètre en ces lieux n'en ressortira jamais.

Et elles grognèrent, presque en même temps. Je lâchai un petit rire, leur mécontentement était plaisant. Cependant elles avaient fait vibrer l'air de manière forte. Leur excitation soudaine avait fait palpitant l'atmosphère d'une certaine colère. Et elle répliqua encore une fois de manière inintelligente. Je laissai un petit instant s'écouler. Après tout, elles avaient juste besoin d'une réponse pour être tranquilles ?
- La politesse n'a pas sa place face à l'arrogance.
Joute verbale ennuyeuse. Elle n'avait pas assez de repartie à mon goût. Rien qu'une femelle encore une fois.

Un éclair de folie me fit frissonner. Je fis claquer mes mâchoires, en proie à une crise. Mon cœur accéléra, l'adrénaline monta en bloc, d'un seul coup. Puis la tension retomba, mes muscles se relâchèrent. Je sus alors qu'il était temps. J'avais repérer sa présence, à moins d'un kilomètre. Au dessus de moi je sentais des regards. Les regards d'Insurgés. Des membres de la meute étaient venus voir si j'avais besoin d'aide. Je me levai alors. Je secouai ma queue d'un geste rageur, énervé d'être l'acteur d'un spectacle. Personne n'aurait du venir ici. Il était temps de passer à l'action. Claquant des mâchoires bruyamment. Soudain je me mordis. Le sang bouillonna. Puis roula le long de ma fourrure. Je serrai un peu plus les mâchoires, ne faisant que des blessures superficielles. Les gouttes écarlates éclaboussèrent le sol. Étant proche de l'Illuminati je m'ébrouai, envoyant valser des milliards de particules de sang sur son pelage gris. Elle fut maculée de sang. Elle devrait se lécher. Je lâchai un petit « oups » désolé. Puis rigolai. Qu'est-ce que j'aimais la provocation alors ! Ce n'était qu'un jeu. Un jeu qui deviendrait bien assez vite mortel. Après tout ce n'était qu'une question de temps ...

Le savant est l'homme superficiel par excellence. Et le plus souvent, il est même essentiellement obtus.

La louve argentée ne quittait pas l°Insurgé de son regard perçant. Sa queue tapait avec souplesse contre le sol sablonneux, semblant caresser la terre, des nuages de poussière s'envolaient à chaque contact... Ce loup avait une certaine assurance, il fallait l'avouer. La plupart des assassins avaient un comportement pitoyable, se croyant plus fort que le monde, mais sans aucune once d'intelligence. Lui, il semblait tout de même sortir du lot. Il paraissait un peu plus intelligent que les autres. Voilà qui allait pimenter un peu le quotidien de la louve argentée. À sa réponse, Nebt Het agita ses oreilles d'amusement. Elle était arrogante, il était arrogant. Tous deux n°avaient donc plus à se respecter l°un l°autre. Tout était dans les sous-entendus. Sur un ton d'ironie, la louve répondit :

« Dois-je le prendre comme un compliment... étranger ? »

Elle répliqua au tac au tac, le ton froid, non, plutôt glacial. Appuyant volontairement à l°énonciation de son dernier mot, sarcastique. Car ici, ce n°était vraiment qu°elle, l°étrangère. Malgré le ton utilisé, elle n'avait pas cillé. Toujours aussi droite, n'esquissant pas un seul frémissement de muscles, yeux à la lueur mortel posés sur l°Insurgé.

Gracieusement, la vagabonde enroula sa queue autour de ses pattes, affinant sa silhouette. Il ne s'était déroulé que quelques secondes depuis leur rencontre, mais déjà le cerveau de la louve grise bouillonnait. En ce rien de temps, elle avait déjà récolté tout un tas d'informations sur ce loup.

Déjà, il était clair qu'il n°appréciait pas les rôdeuses inattendus. Aussi, il semblait avoir un bon coup de crocs : quelques légères cicatrices démontraient qu'il avait eut à combattre un certain nombre de fois. Et il n'était pas bête. En effet, la louve les reconnaissait en quelques secondes : un idiot lui aurait sauté dessus, ou l'aurait insulté pour l°avoir dérangé. Lui, il semblait avoir une jugeote, et avec cela un certain vocabulaire. Tout en souplesse, la louve argentée se mit debout, et avança à pas de félin vers son interlocuteur, le dévisageant de haut en bas. Nebt Het fronça quelques secondes les sourcils. Son regard, regard froid et distant, détaillait le loup avec une attention certaine lorsqu°il parut s°énerver, s°acharner sur son corps. Qu°il était pathétique. La louve l°observait s'exciter tout seul avec un regard amusé. Nebt Het faisait souvent cet effet là !

La Dame Grise faisait doucement danser ses griffes contre le sable humide lorsqu°elle fut ensanglantée en une fraction de seconde. Attentive au moindre mouvement, elle put s°y préparer, mais ne put l'esquiver. Nebt Het fut prise par surprise par ce qu°elle considérait comme une attaque. Un grondement de rage retentit, raclant le fond de sa gorge. Il voulait jouer à ça, et bien il allait être servit.

Son visage se ferma, seule une lueur curieuse persistait dans son regard. La Dame d°Argent n'aimait pas être dans l'ignorance. Elle préférait toujours savoir ce qui se passait autour d'elle. Mieux valait être prudent. Être dans l'ignorance, cela pouvait la mener à sa perte. Elle avait besoin de tout savoir sur tout afin de bénéficier de toute l'anticipation nécessaire. Même si ce loup ne représentait pour le moment aucune menace, la louve voulait savoir la signification de tous ses gestes, et cet éclat de sang ne devait certainement pas être aussi anodin qu° il n°y paraissait; il avait une idée toute autre dans la tête. C°est pourquoi la louve descendit de son perchoir en un bond agile, se dirigeant vers le marais. Elle y pénétra afin de se débarbouiller. Elle y plongea, s°y roula, des plaques de boue se collaient à elle, mais le sang se détâchait de son beau pelage clair et souillé.

La louve se redressa de suite. La tête légèrement penchée afin de protéger sa gorge d°une éventuelle attaque, le corps souple, le regard vif, prête cette fois ci à esquiver le moindre mouvement du fourbe personnage qui se tenait devant elle. Tout doucement, son échine se hérissa, ses oreilles se plaquèrent légèrement et ses babines se relevèrent de moitié, un frémissement fit découvrir le temps d'un éclair de magnifiques canines à l'embout mortel. Ses muscles se bandirent à rompre, et son regard ne quittait plus son adversaire. Elle observait ses moindres faits et gestes. Un mince sourire étira ses fines lèvres. Elle était parée à l'attaque... S°il désirait toutefois poursuivre les hostilités.

[UP Shini =)]

[Désolée, quand j'ai été abs. j'ai pas relu tous les trucs >_<]

Shini

Le loup éclata d'un de ces rires extravagants de soi-disant personne importante - comment un Assassin pouvait-il être important ? - que seulement un petit pourcentage d'entre nous supporte. Avouons-le tout de suite : je ne fais pas partie de cette catégorie. Mon poil toujours hérissé, mes yeux ouverts, l'oreille attentive, j'eus un rictus méprisant. Réaction allergique : quand je ne supporte pas un truc, je suis dégoûtée et juste après je suis hum hautaine. Que voulez-vous c'est comme ça.

Ce loup s'y croyait un peu trop à mon goût. Il devait se croire génial parce qu'il avait des gens à ses ordres, ou quelque chose dans le même genre. Ou plutôt il devait croire qu'il avait la forêt à sa merci. Une pensée typiquement Vaatienne, si vous voyez ce que je veux dire. J'ai beau ne pas faire partie de la personne de Vaati, j'ai quand même ma petite idée sur ses pensées qui sont, majoritairement, plus sadiques les unes que les autres. Son grand plaisir, c'est les souffre-douleur. Manifestement le gars en face de nous était du même avis.

Tandis que je continuai mon faux aplatissage des poils, le mâle dit, d'une voix qui trancha le silence qui avait recommencé à régner, une phrase avec laquelle je suis en total désaccord, il faut bien le préciser -sans quoi ce serait mensonger que de vous raconter cette épisode - :

- La politesse n'a pas sa place face à l'arrogance.

« Dois-je le prendre comme un compliment... étranger ? »

Pleine d'audace, la jeune Erudit. Chacun sa technique, mais des deux côtés il y avait le même résultat : de la totale indifférence. Quel était le point faible de celui-là ? La famille ? Les femelles ? La meute ? Le rang ? Le chef ? Les amis ? Ou fallait-il chercher plutôt du côté du physique et non pas du moral ?

Soudain, le loup parut entrer en transe. Un possédé ? Je ne pense pas. Un fou, par contre, je veux bien y croire. Même si je serais tout de même un peu sceptique avant d'y adhérer. Claquant des mâchoires, l'Insurgé me fit penser aux vieillards avant de mourir, dans leur dernier spasme. Oui, celui-là avait tout l'air du mourant. Brusquement, il se leva, visiblement sur le bord d'une crise de nerfs. Quel lunatique ! Il secoua sa queue, tellement qu'on eût cru qu'il voulait la balancer au vent. Pui il se mordit, avec une force de pic-vert fatigué que ne m'effraya point : combien de fois j'avais vu des loups se battre, durant mon entraînement ? Je ne sais pas, mais ils se mordaient véritablement. Le sang coula. Qu'il se fatigue, cela nous avantagera plus tard...

Il éclaboussa de son sang ma camarade, voulant sûrement qu'elle se lèche pour que sa gorge lui soit offerte. Astuce stupide vieille comme le monde et totalement dépourvue d'originalité. Pourtant, cela prit de court la louve qui émit à nouveau un grognement mécontent. Cette fois-ci, les paris étaient ouverts. C'est fou ce qu'on peut s'amuser quand on est à côté et qu'on a rien à faire. Si jamais vous avez besoin d'aide, les gens, prévenez...je n'ai que cela à faire.

La louve descendit de son perchoir, anticipant peut-être le combat. Elle se dirigea vers le marais et s'y roula, d'un côté puis d'un autre, enlevant toute trace de sang rouge bordeaux mais par la même ocassion salissant d'un marron foncé partant vers le vert peu élégant son pelage blanc-gris.

Immédiatement après, elle se releva rapidement et refit face à son adversaire. La tête inclinée pour protéger la gorge et la fatidique artère jugulaire, le regard en alerte, elle étira son corps fin, tel un sepent venimeux se préparant à sortir ses crochets mortels. Ce qu'elle fit. En effet, soulevant sa lèvre supérieure, elle montra ses crocs, les oreilles plaquées en arrière comme à cause du vent et les muscles tendus à craquer.

Quant à moi, continuant d'offrir ma gorge blanche à l'ennemi, je secoua une patte, puis l'autre. Il ne manquerait plus que j'ai des fourmis dans les jambes. Mes oreilles s'agitaient lentement, au moindre son, puis plus vite. Je planta mes griffes dans le sol meuble. Prête à bondir s'il le fallait, attentive à la moindre particule d'air, je jouai, faisant le manège de la toilette longue, très longue, et lente...

Innocence …

Et leur réaction m'amusa. Je vis dans leurs yeux une étincelle de mépris, une certaine pointe de moquerie. Rigolez tant que vous le pouvez encore, j'ai de la ressource et des idées à profusion. L'arrogante tapait le sol de sa queue, soulevant à chaque contact un nuage de poussière. Elle semblait s'amuser à me regarder. Et bien grand bien lui fasse, bientôt ce ne serait plus le cas. J'entendais déjà mon objectif approcher à grands pas. Je sentais sa présence, silencieux mais bien là. La louve ne sembla pas vraiment apprécier mon petit manège. On rigole moins hein ? Elle alla tout de suite se laver dans les plaques de boue collante. Bien, très bien. Le plan fonctionnait à merveille, il était déjà trop tard pour elles. Elles avaient étés en contact avec le sang, c'est ce qu'il importait. Je pansait mes blessures rapidement puis repris ma contemplation. Lâchant un petit rire lorsqu'elles devinrent menaçantes. L'une prête à frapper telle une vipère, l'autre les muscles tendus à craquer. Je faisais monter la tension petit à petit. Jouant de leurs nerfs, avec leur patience. C'était si excitant de sentir la colère monter dans leur veines, bouillir, prête à éclater au grand jour. Je m'approchai alors de l'autre, la muette et claqua des mâchoires tout près de son pif. D'un bond rapide je m'écarta d'elle, répétant mon manège avec l'autre. J'étais attentif à tout. Mon manège n'était qu'un gagne temps. Et puis je m'éloigna quelque peu. Revenant plus près, tournant autour d'elles. Le cercle de la mort allait prendre fin.

- Je vous souhaite de bien vous amusez mesdames, ce n'est plus mon affaire.

Je mordis une nouvelle fois mon épaule, plus profondément cette fois et éclaboussa le sol près d'elles. Cette action déclencha la haine. Je ressentis l'imminente attaque. D'un bond agile je sautai sur un tronc, prenant appui sur celui-ci je grimpa en haut, dans la sécurité de mon territoire aérien Je pris place près d'un trou dans le feuillage et fit tomber quelques gouttes de sang, précieux liquide pourpre. J'étais lâche hein ? Non non, je suis juste un assassin effectuant son boulot en prenant la nature comme arme. J'entendis alors mon ami, un grand ami à moi. Je l'avais baptisé Sherkhan. Un magnifique tigre d'une imposante stature. Les muscles roulants sous son pelage doré et rayé, le regard empli d'une féroce faim. Une faim qui bousillait ses entrailles depuis quelques jours. Je vous l'avais dit, l'étude de l'environnement est primordial.

Et un fabuleux spectacle commença. L'imposante créature s'approcha de ses victimes. La faim lui explosant le ventre il n'allait en faire qu'une bouchée. Je pimenta le tout en faisant couler mes blessures, m'acharnant dessus avec une vigueur nouvelle, arrosant les intruses d'une pluie écarlate. Un rire tonitruant me pris, sadique, cruel. Rien ne pouvait être plus rigolo. Sherkhan ne semblait pas vraiment patient aujourd'hui, il fronça le museau, dévoila ses crocs souillés de ses dernières victimes. Son regard de tueur étincela d'une haine sans merci. Et dans tout mon corps je ressentais ce frisson d'excitation qui me prenait chaque fois que je faisais un sale coup. Il me tordait les entrailles, m'arrachant un soupir de plaisir. Le combat allait être fabuleux, très inégal pour elles mais si drôle. Au moins je ne me tâcherai pas de leur sang pour une fois, je laissai mon vieil ami s'en charger. Enfin vieil ami, il leva sa lourde tête vers moi, mais bon. Rien de bien préoccupant, son poids l'empêchait de grimper, et il avait deux petites proies à tuer, si simplement.

Il entama sa ronde mortelle, telle était le nom que j'avais donner à cette méthode. Il décrivit de grands cercles tout d'abord autour des deux louves, resserrant imperceptiblement sa trajectoire. Il lançait ses pattes musclées devant lui, laissant échapper quelques mouvements griffus vers elles, destinés à les effrayer. Après tout quand un monstre comme celui-ci vous faisait face, il valait mieux s'enfuir ventre à terre. Mon rire se fit plus intense, plus rauque, presque étouffant. L'atmosphère était lourde, chargée d'une dévorante brume de mort. Oui car si elles s'enfuyaient pas vite vite, le cercle deviendrait petit trop petit, les crocs du tigre seraient prêts à broyer le crâne de l'une d'elles. Ce qui était quasiment certain c'était que l'une d'elles ne s'en échapperait pas vivante. C'était d'autant plus amusant pour ma part. Je prenais parti de spectateur face à ce ballet mortel.

Sherkhan fouetta l'air de son immense queue, son regard se fit plus insistant, ses griffes sortirent et se rétractèrent dans un tempo régulier, au rythme de ses pas. Le cercle atteignait presque sa fin lorsque celui-ci attaqua, telle une vipère, dans une vitesse foudroyante. Il avait balancer son énorme patte griffue sur la tête de l'arrogante. Il grogna, rugit, montrant ses crocs et usant de sa voix pour impressionner. Il n'en fallait que peu pour lui. Il était tout bonnement effrayant. Ce grand mâle de 1,20 m de hauteur, pesant dans les 130 kilos. Il était bien plus imposant que moi hein les filles ? Vous avez voulu jouer, vous avez récolté ce que vous avez semé. Je leur lançai un regard, jaugeant d'un œil indifférent leur posture, leurs actions, anticipant leur réaction face à la bête. Elle avait était attirée par le sang, et ne repartirait pas avant d'être assouvie. C'était sûr et certain. J'entamai de mon côté un chant, de ma voix grave et suave.

As I danced with the dead
My free spirit was laughing and howling down at me
Below my undead body
Just danced the circle of dead ♪

C'était la fin pour elles, c'était leur fin, et j'étais pas décidé à les aider, pas face au grand Sherkhan ...

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