Ploc... Ploc... Ploc... [ Priorité à Balthier ]

Ploc... Ploc... Ploc...

Le bruit régulier des gouttes d'eau croupie qui s'écrasaient au sol rythmaient les pas du grand fauve, de son MAGNIFIQUE nom Dahal, qui marchait tranquillement dans les égouts Vairnemans. Mais malgré son calme apparent lorsqu'il déambulait parmi les rats qui infestaient les égouts et présentaient un repas peu ragoûtant, il restait à l'affût du moindre bruit suspect, autre que les clapotis de l'eau et le bruit de ses pattes qui s'engouffraient dans la petite rivière d'eau crasseuse qui stagnait sous ses pattes. Il savait qu'au-dessus de sa tête se trouvait le territoire des grands loups du Vaati Camp, et même s'il se savait à l'abri, et dissimulé par les effluves malodorantes des égouts, il restait sur ses gardes.
Quelquefois, il devait baisser la tête, ou bien presque ramper, car quelques passages étaient difficilement praticables, surtout pour un loup de sa taille. A chaque croisement avec d'autres tunnels plus sombres les uns que les autres, il jetait un œil, histoire de contrôler qu'il n'y avait aucune présence suspecte. A force d'arpenter ces égouts, il les connaissait presque par coeur, remplissant son rôle de Gardien depuis environ 5 ans maintenant. Il pourrait rester assis à l'entrée la plus exposée, mais ses pattes avaient besoin d'être désengourdies, et il aimait être en mouvement, l'inactivité le faisait souffrir, malgré son air sans cesse désabusé et fatigué.
Il sentait des gouttes d'eau s'écraser sur son pelage déjà sale avec un petit bruit sourd, et quelques fois, lorsqu'il passait sous un mince filet d'eau, celle-ci s'engouffrait sous son pelage, et lui donnait des frissons. Il faut dire qu'il ne faisait pas très chaud dans ces tunnels de récupération des eaux de la ville, sans - ou presque - aucune lumière, aucun contact avec le soleil, et où régnait une humidité pesante.
C'est alors que Dahal entendit d'autres pas que les siens résonner dans les tuyaux gris. Il stoppa net la masse qu'il était, tendant l'oreille, prêt à remplir son rôle de Gardien et "accueillir" le visiteur impromptu. Plus loin, une grille laissait filtrer quelques rayons de soleil, ce qui permettait à Dahal d'y voir à peu près clair. Ses yeux gris scrutèrent les alentours, attendant que les pas se rapprochent. Mieux valait attendre la surprise que d'aller à sa rencontre...

« Bonjour Dahal »

Lorsque Dahal reconnut la silhouette familière du loup qui se tenait devant lui, il sentit tout son corps se détendre. Son visage redevint inexpressif, alors qu'il était agressif il y a moins de 10 secondes. Il scruta Balthier, son Grand Chef, de haut en bas, discrètement, il l'espérait, et camouflé par l'obscurité qui régnait dans les égouts. Le petit sourire que Balthier affichait aux babines eut le don de l'énerver, alors que le pauvre n'avait rien fait, mais c'était dans le caractère de Dahal d'être un vieux grognon ronchon. Sans sourire, et par pure politesse, il lui répondit :

« Bonjour... Balthier. »

Il inclina la tête, solennellement, mais d'un geste tellement furtif que Balthier ne l'avait sûrement pas vu, c'était juste histoire d'avoir bonne conscience et de savoir qu'il l'avait fait. Dahal, qui n'était pas vraiment du genre à entamer la conversation, dut quand même faire un effort sur lui-même pour ne pas laisser un blanc entre son Chef et lui. Avec une voix neutre et dénuée de tout contentement, mais peut-être teintée un peu d'ennui, il dit à l'autre loup :

« Il n'y a rien d'étrange à signaler ici. »

Puis il planta ses yeux dans ceux de Balthier, mais sans aucun soupçon de défi dans son regard.

« Ah oui ? Bien ! »

« Dit moi, ça fait longtemps que tu rôde ici, non ? Tu devrais faire une pause, tu travaille beaucoup je trouve ! =o »

« Une pause ? Ouais peut-être... »

Une pause ? Pour quoi faire ? Se promener cachée dans des souterrains ? C'est pas ce que je fais déjà ? Alors voilà...

« Le Vaati Camp ne fait pas de pause... »

Le Vaati Camp ne fait pas de pause...

« Yeah, bonne réponse coco ! »

"C'est bien un Rôdeur lui, gentil fiston 8D"

~~gros~~

« Tiens, j'ai une idée ! Ça te dis de venir avec moi faire l'état des lieux ? Ça te ferait un peu sortir des égouts :0. T'sais genre regarder si il reste de la nourriture, voir si tout le monde va bien, si les louveteaux sont toujours dans les souterrains, enfin plein de truc cool comme ça \o »

"Mais qui m'a foutu avec un énergumène pareil ? "

"coco"

"Gnié ?"

"louveteaux"

« Ca, c'est d'l'idée. »

" Ahahah j'me fous d'ta gueule"

« Alors vers l'infini et au delààà ! »

« Bon, commençons par aller voir si Shaddix et Jacoby sont bien dans leur tanière ! Tu les connais, Shaddix et Jacoby, ein ? Ce sont les deux seuls louveteaux de la meute, ils ont perdu leur parent. Tu as entendu parler du scandale qu'à provoqué cet évènement ? Terrible, vraiment terrible. Leur mère, Thamis, a été prise d'une crise de folie et a tué son compagnon. Nous avons été contraint de la mettre en quarantaine parce que son karma a chuté d'une manière considérable. Seulement, elle est parvenue à s'échapper, emmenant avec elle sa fille Dakota. Shaddix et Jacoby se sont retrouvé tout seul du jour au lendemain... Quelle histoire. J'espère que la petite Dakota va bien, tout cela me turlupine... »

"Pourquoi est-c'que j'me suis pas carapaté quand j'ai entendu du bruit ?"

« Hm... Sale histoire... »

« Ça ne te fait pas plaisir, toi, de voir tant de loup papoter gaiement, sans se laisser envahir par la peur ? De voir tout ces loups encore en pleine possession de leurs esprits, loin de l'état monstrueux des loups du Vaati Camp ? Moi, en tout les cas, je ne connais pas de bonheur plus intense que celui de faire partie d'une meute d'irréductibles ~~gaulois~~ loups heureux \o »

« Bon, Shaddix et Jacoby devrait être dans cet chambre, on a visité pratiquement toutes les autres ! »

Dahal écouta une nouvelle fois la tirade de Balthier, sans grande attention. Il continuait à observer tout autour de lui, et parut découvrir d'un oeil nouveau tous ces loups qui s'agitaient dans ces mines, dormant dans des cavités creusées dans la terre, semblant avoir été faites exprès pour eux. Bien sûr, ce n'était pas la première fois qu'il venait là, mais généralement, il préférait s'isoler la journée, et même la nuit, il était capable de la passer loin des "siens", soit dans des souterrains isolés, soit à la belle étoile (ce qui était très rare, car il ne valait mieux pas qu'il croise des Grands Loups du Vaati Camp seul la nuit). Il avait toujours un doute sur le fait d'appeler les Rôdeurs les "siens", car il ne s'était jamais réellement senti à sa place ici, il ne les considérait pas comme une "nouvelle famille". Déjà qu'il n'avait jamais vraiment considéré qu'il avait des liens avec sa vraie famille, alors imaginez avec des loups qu'il connaissait "à peine". Oui, car malgré quelques relations qu'il entretenait avec certains, ce n'était pas réellement une connaissance de leur caractère, leur état d'esprit, leur manière d'être, etc... En gros, Dahal se voyait plutôt comme un mercenaire qui avait rejoint les Rôdeurs pour leur apporter son aide, pour combattre le Vaati Camp, ou encore mieux, peut-être sauver toutes ces âmes qui n'étaient pas en paix avec elles-mêmes. Peut-être que lorsque tout ça serait fini - si cela finissait un jour -, il s'évanouirait dans la nature, retournant à son tout premier état : celui de solitaire. S'il y retournait maintenant, il pourrait sûrement se défendre seul, car il était devenu un valeureux combattant et n'était plus un louvard sans expérience, ni un ennemi à prendre à la légère. Mais il avait des valeurs, et il voulait respecter son engagement envers le Rôdeurs et envers Balthier.
Tiens, en parlant de Balthier, il n'était pas en train de lui causer d'un truc super importantissime de la maurkitue ? Ah oui, c'est vrai, le fait de kiffer de voir des loups heureux, cachés, non atteints par cette saloperie qui rongeaient les loups du Vaati Camp. Dahal acquiesça et répondit :

« Ouais ... Certainement... C'est cool. »

Et comme pour donner une certaine contenance à ses paroles, il décocha pour la première fois un sourire. Mais, alors un sourire pire que coincé, on aurait plutôt dit qu'il avait un bout d'os coincé entre deux dents et qu'il essayait super sexyssitudement de le décoincer. Bref, super classe quoi. Comme toujours.
Lorsque Balthier annonça leur arrivée près de la chambre qui était sûrement celle des deux petits, Dahal prit une longue inspiration, comme s'il s'apprêtait à affronter un ennemi. Alors qu'il allait simplement devoir supporter deux petits louveteaux innocents pendant quelques minutes.
Hmm.. Allons-y...
Mais, avant d'entre vers la chambre, il fit tourner ses méninges, répéta sa phrase environ 50 000 fois dans sa tête avant de la sortir, et d'un trait, presque incompréhensiblement, sortit à son Chef :

« Mais, je pense qu'ils sont en sécurité. Ce n'est peut-être pas la peine qu'on s'y attarde. »

Bien essayé. Mais c'était à Balthier qu'il parlait, pas à n'importe qui...

« Mais, je pense qu'ils sont en sécurité. Ce n'est peut-être pas la peine qu'on s'y attarde. »

« Tu n'aimes pas beaucoup les louveteaux, ein ? »

« Bon, allons voir les stocks, tu veux bien ? La saison froide est bel et bien là, et il ne faudrait pas que nous nous fassions surprendre par le manque de nourriture ! »

« Ahah, pas de quoi risquer l'obésité ! Je crois bien qu'il serait temps d'organiser une chasse... Ça te dis d'être de la partie ? Les autres loups devront rester garder les petits... »

Dahal suivit Balthier jusqu'à l'antre où se reposaient les deux louveteaux, il les regarda un instan, indifférents. Il les avait déjà vus jouer parmi les Rôdeurs, et se était quasiment sûr d'avoir dû les réprimander une ou deux fois pour les empêcher de sortir fouiner dehors. Dahal le taquina sur sa "répugnance" ( bon c'est un peu fort mais bon ) pour les louveteaux, et surtout leur attitude enfantine - normal en même temps, mais ça Dahal ne le comprenait pas- et immature.

Voyant que le Chef disait simplement ça pour détendre l'atmosphère et parce qu'il n'aimait pas laisser des blancs dans la conversation, le Gardien ne prit pas la peine de répondre et le suivit, obéissant, jusqu'au stock de nourriture. Avant qu'il ne put en faire la constatation, Balthier lui fit un rapport de ce qui restait pour toute la meute. Et effectivement, ça n'allait pas faire l'affaire du tout. Il faudrait chasser, et rapidement, et il valait mieux pour nous que cette chasse soit fructueuse.

Dahal fut presque enjoué de cette situation, car cela allait certainement pouvoir l'occuper, c'était un nouveau défi à relever. Et même si pour Balthier, la perspective d'une chasse serait certainement pour lui un contentement de voir sa meute nourrie et en bonne santé, pour Dahal c'était surtout une activité qui lui permettrait de faire marcher un peu ses muscles. Il avait peur qu'ils ne soient plus au TOP NIVEAU DE LA TOPISSITUDE à force de surveiller les entrées des sous terrains et de ne pas s'entraîner assez régulièrement.
Et c'est alors que Balthier lui proposa de participer à la chasse, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Alors, sans sourire, mais certainement avec une lueur d'excitation qui pouvait se lire dans ses yeux gris, il lui répondit, clairement :

« J'suis complètement partant. Ca me fera du bien de bouger un peu. »

Son ton était monocorde mais néanmoins il était vraiment heureux de cette nouvelle perspective, il avait enfin un projet à réaliser, un défi à relever. Se disant qu'il fallait qu'il s'investisse un peu dans la vie de la meute, et même s'il n'aimait pas interagir avec les loups, il proposa, de la manière d'un louvard qui souhaitait faire ses preuves :

« Veux-tu que j'essaye de rassembler quelques loups ? »

Il savait qu'il faudrait une assemblée pour cela, mais peut-être pouvait-il déjà chercher quelque renfort avant même l'annonce officielle de la grande chasse.

« J'suis complètement partant. Ça me fera du bien de bouger un peu. »

« Volontiers ! Convoque les meilleurs chasseurs et dit leur de me rejoindre au plus vite au siège de la meute, dans les Mines Eksorables. Il faudrait que dans moins de deux jours nous soyons sur le terrain prêt à chasser. Nous irons chasser dans la Steppe Ouventaye, il faudra donc que les loups marchent vite pour ne pas perdre trop de temps. »

« Pour le reste, je m'en occupe, rejoins moi au plus vite dans les Mines donc. »

« Très bien. Je te rejoins tout de suite avec le plus de monde possible. »

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